Rencontre avec Catherine Blaison, documentaliste à France 3 Bourgogne

C’est dans son bureau, dans les locaux de France 3 Bourgogne à Dijon qu’elle partage avec ses collègues, que Catherine Blaison m’accueille pour me parler très précisément de son métier et de son parcours. Par cette interview, le métier de documentaliste dans une chaine de télévision étant assez méconnu, Catherine Blaison nous offre l’occasion de bien découvrir tous les aspects de ce métier.

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Quelles sont vos fonctions ?

Nous travaillons pour les journalistes, en début de chaine et en fin de chaine de production du journal télévisé donc il y a plusieurs fonctions. En début de chaine, nous faisons une revue de presse quotidienne à partir des quotidiens régionaux, de la presse nationale. Chaque matin, nous faisons cette revue de presse pour 8h45 pour le rédacteur en chef et ensuite nous allons en conférence de rédaction. Parfois, nous apportons quelques idées de reportages suivant la richesse de l’actualité.

L’autre fonction va être d’alimenter une base de données (un agenda servant à caler des reportages), dans lequel nous résumons des articles ou des communiqués de presse que nous recevons. Nous envoyons notre agenda à l’adjointe du rédacteur en chef dans l’après-midi pour permettre aux journalistes d’anticiper pour leurs sujets du lendemain.

Nous faisons aussi de la veille documentaire sur l’actualité, nous mettons quelques sites sous surveillance sur la presse quotidienne régionale pour avoir des informations qui sont uniquement sur le web comme La Gazette Info. Nous avons aussi une fonction d’archiviste puisque tout ce qui est diffusé à l’antenne doit être archivé. Il faut tout résumer et indexer dans un logiciel informatique de manière à retrouver facilement ce que l’on a produit.

L’indexation, l’analyse d’images et la recherche d’images sur notre fonds et celui de l’Institut National Audiovisuel font également partie de nos fonctions.

Est-ce qu’il vous arrive de faire des traductions de reportages étrangers ?

Non, nous ne contactons pas de chaines étrangères, je ne pense pas que ça nous soit déjà arrivé. Certaines chaines étrangères peuvent nous demander des choses mais il y a un intermédiaire pour faire la recherche. Cependant, nous échangeons beaucoup avec d’autres chaines du réseau France 3, nous avons un système d’échanges très efficace, utilisé plusieurs fois par jour, pour échanger des reportages par exemple avec France 3 Limoges mais aussi avec la direction nationale. Tout est dématérialisé, les reportages sont sous forme de fichiers informatiques mais on peut avoir accès à tout le fonds de France 3.

Comment voyez-vous les changements de supports au fil des années ?

Cela se fait régulièrement ; avec l’évolution des technologies, les sujets ne sont plus sur les mêmes supports qu’il y a 10 ans mais il y a encore des cassettes. Petit à petit, nos sujets sont mémorisés, stockés directement dans un serveur d’archives. Cependant on garde tout de même, pour le moment, nos journaux sur cassette. Au fur et à mesure, je pense que le dépôt des sujets pour le stockage et la gestion des archives par l’INA se fera de manière numérique.

Quels équipements, outils utilisez-vous ?

Il y a encore des magnétoscopes pour visionner le journal télévisé de la veille, comme il est sur cassette, pour faire des résumés de sujets ou d’invités plateaux. Autrement, tout se fait par ordinateur sur lequel je peux avoir accès aux sujets, avec une référence, que je peux retrouver dans le serveur d’archives.

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Utilisez-vous des logiciels spécialisés ?

Oui, il y a le logiciel documentaire CIRA qui nous permet d’archiver nos productions et un logiciel d’élections car c’est aussi une de nos fonctions mais qui n’est pas régulière. Nous allons rentrer dans ce dernier les scrutins et les biographies de personnalités politiques. De plus, chaque chaine est tenue de donner au CSA le temps de parole de chaque parti, syndicat, cela fait partie de l’analyse documentaire, nous faisons des résumés et de l’indexation. Ces logiciels sont en réseau et communs à tout France 3.

Par quel chemin êtes-vous arrivée ici ?

J’ai eu un chemin assez classique, j’ai fait un DUT Information-Communication après mon bac à Nancy. Ensuite, je suis partie en fac d’anglais puis parallèlement à mes études d’anglais j’ai fait des remplacements à France 3 à Nancy. Cela s’est fait au fur et à mesure avec l’expérience de CDD et lorsqu’il y a eu une création de poste, j’ai pu présenter ma candidature.

Avez-vous fait un stage lors de votre DUT ?

J’ai fait un stage à Télérama car le journalisme m’intéressait donc c’était dans le domaine de la télévision également mais c’était plus la médiatisation de la culture au sens large.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

C’est le hasard, après le bac j’ai vu qu’il y avait la documentation ce n’était pas très concret pour moi ce domaine, c’était un peu associé au métier de bibliothécaire qui ne m’attirait pas. Donc, j’avais plusieurs choix et j’ai été prise à l’IUT, j’ai appris au fur et à mesure à connaitre le métier et puis je pense que cela convient bien à ce que j’ai envie de faire finalement.

Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ?

Je pense que ce qui me plait le plus c’est le rapport à l’actualité car nous ne sommes pas fermés dans un secteur, on apprend beaucoup de choses dans tous les domaines.

Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer dans votre métier ?

Je pense que c’est le fait qu’il faille s’adapter aux nouvelles technologies de manière assez rapide et régulière et c’est peut-être ce rythme là que je trouve un peu difficile. Depuis que j’ai eu mon DUT en 1990, tout a changé très vite, on a à peine le temps de s’habituer à un format. Ainsi, notre métier a sensiblement changé et cela est un peu dommage car nous travaillons souvent sur écran. Nous sommes plus statiques, nous pouvons tout faire depuis notre fauteuil.

Donc vous, vous travaillez du lundi au vendredi ?

Non, le service est ouvert 7j/7, je travaille 5 jours par semaine mais nous faisons une alternance des week-ends donc je travaille régulièrement le week-end et les jours fériés.

Quelles personnes côtoyez-vous le plus dans le cadre du travail ?

Ce sont les journalistes et plus précisément encore le rédacteur en chef et l’un de ses adjoints, c’est avec tous ceux présents à la conférence de rédaction que nous avons le plus de contact.

Avez-vous des relations avec des personnes en externe ?

Parfois, nous pouvons être amenés à travailler avec des réalisateurs qui ne sont pas forcément salariés de France 3. De plus, il y a, très rarement, des téléspectateurs qui nous demandent à avoir plus de précisions sur le sujet qu’ils ont vu.

Vous avez un souvenir ou un projet qui vous a marqué en particulier ?

J’ai été amenée à travailler sur internet, c’était un peu une nouveauté dans mes fonctions, j’ai travaillé en collaboration avec la responsable éditoriale du site internet de France 3 Bourgogne. J’avais fait un récapitulatif des ventes sur la vente des vins des Hospices de Beaune, un historique sur internet. On a alors réalisé une interview d’une spécialiste pour appuyer cette recherche. Cela est arrivé 2 fois, c’est une ouverture du métier et aussi un contact avec l’extérieur.

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Comment voyez-vous votre avenir professionnel ? Pensez-vous rester dans la documentation ?

Il peut y avoir de la routine, comme dans tous les métiers, mais c’est un métier qui évolue. Je pense continuer ma carrière dans ce domaine.

Quelles seraient les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?

Il est nécessaire d’aimer l’actualité évidemment, d’être à l’affut de ce qu’il se passe et s’y intéresser. Il faut être rigoureux puisque nous avons beaucoup d’informations à rentrer que ce soit dans un agenda, dans des revues de presse ou à indexer. Pour faire un résumé il faut savoir aller à l’essentiel et aimer trier, synthétiser et restituer de manière synthétique pour le lecteur car il y a beaucoup d’informations qui arrivent.

Il faut être persévérant, aimer lire, se cultiver, mais aimer aussi les nouvelles technologies. Il faut toujours rester en contact avec les journalistes et s’adapter à leurs besoins qui ne sont pas les mêmes qu’il y a 10 ans.

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