Antoine Martin, documentaliste indépendant

Je suis documentaliste indépendant depuis 1998, à l’origine je n’ai aucun rapport avec ce metier, j’ai une formation de technicien agricole qui n’a pas grand chose à voir avec la documentation. Apres mon service militaire je commence à travailler en 1987, à Paris, comme employé de banque puis je suis recruté par un cabinet de propriété industrielle en 1988.

Pour ce cabinet je dois m’occuper du passage d’un système manuel de gestion de marques à un système informatique de gestion de bases de données. Le logiciel destiné à cette gestion est en cours de création au moment où j’arrive dans cette société, il sera définitivement validé trois ans plus tard.
C’est pendant cette période que je commence à apprendre le métier de documentaliste, je travaille avec tous les services du cabinet que se soient les services administratifs, secrétariat ou juridique. Je participe à la réorganisation des systèmes de classement et d’archivage. Par ailleurs je commence à effectuer divers recherches dans le cadre de mon travail, il faut se souvenir qu’à cette époque l’informatique est rudimentaire, les secrétaires tapent leur courrier à la machine, internet n’existe pas en entreprise et seul le minitel donne accès à des bases d’informations.

Je fais donc des recherches dans les centre de documentations ou les bibliothèques, sur des catalogues papiers ou des microfiches, l’accès à l’information est plus lent et une recherche à la bibliothèques nationale ou à l’Inpi prennent souvent des journées entières. Le téléphone reste aussi un des moyens le plus utilisé pour obtenir des informations.
Apres ces trois années je m’occupe dans ce cabinet de la gestion des bases de données de marques que se soit la saisie des données juridiques mais aussi les graphismes liées aux marques, la vérifications ou l’éditions de portefeuilles pour les clients. Je forme les utilisateurs du système informatique et je participe à la mise en place des procédures de gestion des bases de données. Parallèlement  mon activité de recherches et d’enquêtes  se spécialise de plus en plus avec l’utilisation des bases de données télématiques tel que questel qui nécessitent des formations particulière afin de connaître le « langage expert » pour pouvoir créer des scripts de recherches.

Comme souvent il arrive un moment de rupture avec mon employeur de mon coté trouvant que mon activité et les responsabilités liés ne correspondent plus à ma qualification et mon salaire; de l’autre la direction ne désirant pas changer la situation et argumentant que je ne suis pas qualifié pour ce changement.

Sur ce constat d’impasse je suis une formation de documentaliste en CIF en 1996-1997 avec l’idée de travailler en indépendant pour proposer à d’autre cabinets ou entreprises mes services. Durant cette formation j’effectue des stages en entreprise dont France 3 et plus particulièrement l’émission Thalassa. La je découvre une autre facette du métier de documentaliste, d’autre techniques de documentations et surtout la qualité des gens avec qui je travaille m’ouvrent d’autre perspectives pour me lancer en indépendant.

Ma première idée pour offrir mes services comme indépendant est articulé sur plusieurs axes, le début d’internet qui permet de travailler à distance, s’installer en province pour offrir mes services aux entreprises qui n’ont pas forcement les moyens et le temps d’effectuer tout un tas de recherches afin d’optimiser leur activité. D’autre part je me suis installé dans une ville d’où j’ai peux me rendre rapidement, grâce au TGV, chez des clients situés à Paris ou à Lyon.

Autant j’ai les connaissances nécessaires dans le domaine de la documentation autant tout ce qui concerne la gestion et le fonctionnement d’une activité en indépendant me sont étrangères.
Cet apprentissage m’a pris beaucoup de temps. Entre les démarches administratives de création d’entreprise, les stages à la chambre de commerce quasiment imposés pour valider des modules de gestion, de droit de ressources humaines, de comptabilité… J’ai cherché des financements auprès des banques et des organismes  pour les créateurs d’entreprises, des locaux bref je me suis consacré à beaucoup trop de choses aux lieu de me consacrer à mon métier.
Finalement, au bout d’un an, ayant trop peu de clients et une structure surdimensionné j’ai du modifier totalement ma façon de fonctionner. Je me suis recentré sur ce que savais faire, la gestion de bases de donnée de marques et la documentation pour les médias. Pour cela je me suis installé à Nantes, j’ai changé de statut juridique, de méthodes de fonctionnement et surtout réduis autant que possible les charges liées au travail.
Actuellement je suis travailleur non salarié, mes charges professionnelles, je ne parle pas des prélèvements obligatoires comme les urssaf et autres qui sont liés uniquement aux résultats de l’activité, se réduisent à  mon comptable qui est plus qu’utile, mon téléphone et internet. Tous les autres frais comme les déplacements, l’hébergement et les repas pendant les contrats sont pris en charge pour une part par mes clients.

Un autre aspect très important qu’il faut travailler c’est la construction d’un réseau professionnel, la plupart des contrats que j’ai effectué je les ai obtenus par relations soit des recommandations directes soit des personnes ayant une information utile qui permet de contacter les bons interlocuteurs.
Il ne faut pas négliger la prospection c’est un gros travail, très ingrat et coûteux, ça demande beaucoup de temps pour faire une plaquette, la valider, constituer des bases de clients potentiels. La plupart du temps il n’y a aucun retour, il faut recommencer régulièrement mais c’est le seul moyen de se faire connaître. Il faut aussi entretenir de bonnes relations avec ses anciens clients et prendre contact avec eux de temps en temps. De même avec de potentiels clients même si ces relations se résument à de simples contacts.

Actuellement je ne travaille quasiment jamais à Nantes, j’alterne les contrats entre le droit des marques et la documentation pour la télévision, je ne pense pas être encore parvenu à un juste équilibre j’ai encore des périodes sans activités un peu trop longues. Cela oblige à une gestion serrée des revenus, en revanche dans les périodes de pleine activité ce métier est vraiment enrichissant. Je rencontre des gens de qualités, je travaille pour des entreprises divers ce qui me permet de découvrir  de nouveaux métier, je suis devenus incollable sur la production de Cognac. Il a aussi une part d’imprévue qui obligent à se confronter à des situations inédites, ce qui rend le travail d’autant plus intéressante. J’arrive pendant les périodes de pleine activité à organiser mon emplois du temps de façon à ne pas tomber dans la routine.
Je pense qu’avec l’expérience et le temps je vais arriver à mon but exercer un métier que j’aime dans les conditions que je souhaite cela j’ai repris mes études et je prépare un DUT Gido par une validation des acquis professionnels et la cerise sur le gâteau serait d’avoir quelque clients sur Nantes pour enfin pouvoir pleinement profiter de cette ville.

En résumé ça vaut la peine de travailler en indépendant mais il faut avoir rapidement un réseau de clients réguliers. Accepter de se déplacer et de passer du temps ailleurs que chez soi, gérer au plus prêt ses finances et travailler ses relations. Je suis vraiment content d’avoir tenté cette aventure car elle est très enrichissante, c’est souvent dur et stressant mais ça en vaut la peine.

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