Rencontre avec Elisabeth Grosjean, bibliothécaire aux Archives départementales de Côte-d’Or

Aujourd’hui, c’est Élisabeth Grosjean, bibliothécaire aux archives départementales de la Côte-d’Or, qui a accepté de se prêter au jeu des questions/réponses pour nous faire part de son activité professionnelle, et de ce qui fait sa spécificité.

Grosjean - crédit photo Jeremy Joux

crédit photo Jeremy Joux

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Elisabeth Grosjean, bibliothécaire aux Archives départementales de la Côte-d’Or, depuis septembre 2002. Je suis titulaire d’une maîtrise d’histoire et d’un diplôme de bibliothécaire qui n’existe plus à présent, le CAFB (certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire). Mon précédent et premier poste a été à la Bibliothèque Municipale de Versailles, de 1980 à 2002.

Quels sont les raisons et parcours qui vous ont menée à la profession de bibliothécaire aux sein des Archives départementales de Côte d’Or ?

Après avoir passé plus de 20 ans à la Bibliothèque Municipale de Versailles, je souhaitais exercer mon métier dans un autre établissement, de préférence une bibliothèque spécialisée en histoire, et également revenir dans ma région d’origine, la Bourgogne. Il s’est trouvé que le poste de bibliothécaire aux Archives de la Côte-d’Or était vacant à ce moment-là par suite du départ en retraite de son titulaire.

En ce qui concerne mon parcours, après avoir passé mon bac, je souhaitais faire des études qui me permettent d’être bibliothécaire ou documentaliste mais, comme je vous l’ai dit, j’ai fait une maîtrise d’histoire avant, car j’ai toujours beaucoup aimé cette matière.

En quoi consiste votre travail? Quelle est votre journée type ?

Mon travail comporte plusieurs tâches : achat des livres et de périodiques, enregistrement, catalogage, mise en valeur du fonds par la présentation mensuelle des nouvelles acquisitions en salle de lecture, et par une sélection trimestrielle de livres sur le site des Archives. Le catalogue de la bibliothèque est informatisé et en ligne.

Notre fonds local et régional sur la Bourgogne, qui représente 50% de nos livres, est intégré dans un catalogue collectif : la Bibliothèque bourguignonne hébergée par la Bibliothèque municipale de Dijon. Je transmets donc régulièrement nos nouveaux titres au CRL (Centre régional du livre), qui se charge de la mise en ligne dans le catalogue de la Bibliothèque municipale.

Je renseigne aussi les lecteurs et les oriente dans leurs recherches, mais ce n’est pas ma fonction principale car nous avons ici une équipe, qui est très performante, d’accueil et de communication des documents, tant les archives que les ouvrages de bibliothèque.

Quant à ma journée type, elle peut être différente d’un jour à l’autre car je peux me trouver face à un travail qui n’était pas prévu la veille : par exemple, dans le cas où on nous fait des dons de livres à traiter rapidement, car des archives sont données en même temps et concernent le même sujet. Ou bien je peux avoir à faire un nombre important de vérifications dans mon catalogue car nous recevons des catalogues de ventes aux enchères et nous sommes intéressés par certains titres à acheter. Il y a aussi des groupes qui viennent visiter les Archives et on me demande alors de présenter la bibliothèque, etc.

Les pratiques professionnelles d’un(e) bibliothécaire, qui ont cours dans des Archives ou dans des bibliothèques municipales, sont-elles différentes ?

Pour ce qui concerne le traitement de base des documents (achats, enregistrement, catalogage), les pratiques sont les mêmes. J’applique pour ma part les normes officielles internationales en vigueur dans les bibliothèques du monde entier : les notices reprises de la BNF (quand le livre s’y trouve), l’indexation RAMEAU.
La différence tient à la nature du fonds comme je l’ai dit plus haut : l’histoire locale et régionale représente la moitié de nos documents. L’autre moitié est constituée d’ouvrages généraux en sciences sociales (institutions, politique, économie, société), religion, généalogie, biographies, sciences auxiliaires de l’histoire. Mais nous n’achetons aucun roman par exemple. Nous ne sommes pas une bibliothèque encyclopédique.

D’autre part, nos livres ne sont pas empruntables, nous sommes uniquement une bibliothèque d’études et les supports électroniques ne sont pas encore présents à la bibliothèque.

Enfin, nous nous adressons à un public spécialisé : étudiants, chercheurs, généalogistes, amateurs d’histoire locale ou générale.

Au regard du contexte actuel, quel est, selon vous, le meilleur parcours pour parvenir à cette place? Pour y être le mieux formé ?

Je pense que le mieux est d’avoir de solides connaissances en histoire, et de passer ensuite un examen professionnel ou un concours d’assistant ou d’attaché de conservation du patrimoine et des bibliothèques (concours de la fonction publique). L’examen d’auxiliaire de bibliothèque prépare également très bien aux tâches de bases évoquées plus haut mais nécessite de travailler déjà dans une bibliothèque.

Avec l’évolution permanente des nouvelles technologies de l’information et de la communication, je suppose qu’il convient de sans cesse se mettre à jour dans le métier. Que pouvez-vous me dire à ce sujet ? Les nouvelles technologies ont-elles désormais une place intégrante dans votre métier ?

Bien sûr, il faut être aussi formé aux nouvelles technologies et savoir utiliser les sites professionnels comme ceux de la BNF ou bien Electre (catalogue des livres disponibles) par exemple. Mais la formation se fait aussi sur le tas, au fur et à mesure de l’évolution de toutes ces nouvelles technologies. Ici, nous avons des professionnels de l’informatique qui peuvent se charger de nous « former » aux nouveautés. Je vous invite à aller sur le site des Archives de la Côte-d’Or et à cliquer sur l’onglet « Bibliothèque » pour vous faire une idée.
Dans mes tâches quotidiennes, tous mes fichiers sont informatisés.

Pour finir, comment prévoyez-vous l’avenir du métier, à long terme (évolution, glissement éventuel) ?

Il est un peu difficile de savoir comment évoluera le métier de bibliothécaire dans un service d’archives car nous sommes un peu à part. Notre vocation est à la fois double et restreinte :

  • c’est un support d’archives pour mes collègues archivistes qui ont besoin de livres traitant un peu de tous les domaines pour faire leur classement d’archives, c’est-à-dire replacer l’archive dans son contexte historique, économique, social, politique, institutionnel, religieux, etc.;

  • c’est aussi un support de recherche pour les lecteurs pour les mêmes raisons.

Il faut souligner que les bibliothèques d’archives sont très disparates selon leur localisation géographique. Ici, nous avons fort peu de lecteurs car nous nous trouvons juste à côté de la Bibliothèque municipale de Dijon, et il y a aussi une grande bibliothèque universitaire. Je ne vois d’avenir intéressant pour nous que si toutes ces bibliothèques collaborent entre elles, par exemple en partageant les abonnements de périodiques et les achats de livres (tels titres à tel endroit et pas ailleurs). A l’inverse, d’autres bibliothèques d’archives départementales, situées dans des villes beaucoup moins importantes peuvent servir à part entière de bibliothèques d’études car les Bibliothèques municipales de ces villes font surtout de la lecture publique.

Une Association des bibliothécaires d’archives vient de voir le jour et nous devons organiser des journées d’études pour à la fois nous rencontrer et définir une ou des politiques pour le futur. Nous avons eu ici même en décembre 2014 une journée d’études, une autre est prévue ailleurs avant la fin de l’année.

Pour ma part, je souhaite que nous puissions accueillir un public varié qui viendrait tout simplement pour se documenter mais ne ferait pas forcément de recherches dans les archives. Il faut envisager que nos salles de lecture, très rarement pleines, puissent offrir un espace de lecture ou d’études.

Propos recueillis par Lucile Roizot.

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